Anne Delfieu

Bois croisés, installation, 2002
550 x 200 x 200 cm



Il s'agit là d'un travail très discret. Au premier abord, on dirait des lambeaux décorces aux limites effrangées; des réseaux, qu'elle nomme l'entrecroisement des bois; des formes oblongues et sans raison qui se chevauchent et qu'elle décrit comme des sourires du ciel ou l'étirement des nuages. Et puis le regard s'organise; à bien observer, lentement se révèle une sorte de squelette des choses; blanc de cendre, rouge de terre; une sensualité sobre s'en dégage; les aspérités du carton agissent comme des pièges à la lumière, où elle se plie et se perd; l'oeuvre prend du sens, de la force,de l'émotion; une fragile palpitation semble désormais la faire frémir. Il ne s'agit pas d'imiter la nature mais de la transmuter; car c'est dans le secret que s'élabore l'expérience immédiate de la poésie. Et au contact de la réalité ou des irrégularités rugueuses de la matière, deux parallèles finissent toujours par se rejoindre avant l'infini.


John Misik
décembre 2000